Un grand merci à vous tous pour ces 58 pages de témoignages, qui me permettent de me sentir moins seule... Cela fait plusieurs semaines que je vous lis, sans oser poster ; ce soir (/ cette nuit), je me lance.
Je suis professeur des écoles, cette année dans ma quatrième année d'enseignement. Toute petite, j'ai commencé à ressentir une profonde vocation pour ce métier, vocation qui a été renforcée par les années et par mes premières expériences d'enseignante (avant même d'être enseignante stagiaire). Pourtant, je me sens maintenant complètement oppressée par le système, par les sollicitations de tous côtés, par mes semaines sans fin, mes week-ends et vacances quasiment réduits à néant et par mes nuits très courtes, par la quantité de corrections et tous les à-côtés qui ne me permettent pas de faire évoluer ma pédagogie autant que je le souhaiterais, [par ..., par..., ...].
Mon travail a des conséquences néfastes sur ma santé et sur ma vie privée (j'enchaîne les soucis de santé, je ne parviens pas à profiter de mon mari, j'en suis à refuser presque systématiquement les invitations dans la famille et chez les amis, parce que je sais que cela me condamnerait à des nuits encore plus courtes et j'en passe...). Le plaisir ressenti en classe est vraiment loin de compenser cette oppression que je ressens et je n'ai plus qu'une envie : fuir, pour préserver ma santé, pour préserver mon moral, pour préserver mon couple et pour pouvoir accueillir sereinement un enfant.
Je mûris ma réflexion depuis deux ans et me disais jusqu'à maintenant qu'il fallait que je me donne une chance, que ça irait mieux l'année suivante (d'autant plus que j'avais commencé sur une direction sans décharge avec des CM1-CM2 très en difficulté), que mon désir de perfectionner -malgré le manque de temps- s'apaiserait au fil du temps (défaut que je suis incapable de gommer...), concourant à réduire cette sensation d'oppression, que les contraintes changeraient aussi au fil du temps. J'ai essayé de retourner dans tous les sens mon organisation et de prendre conseil auprès de collègues ayant de l'expérience (et, là, je me suis aperçue que beaucoup avaient déjà eu envie de changer de métier, que beaucoup se sentaient complètement éreintés...). Rien n'y fait, rien ne change, mais là, un vrai changement s'impose... J'ai l'impression de vivre pour travailler, cela n'a que trop duré, il faut que je trouve une solution et vite...
Bref, je m'arrête là pour ma séance d'apitoiement
Il me serait encore possible d'en écrire des pages...
Comme certains d'entre vous ici, je cherche comment rebondir après cette grande déception. Certains concours de la fonction publique d'Etat me tentent bien, je vais peut-être me jeter à l'eau. Cependant, en attendant de me jeter à l'eau, quelques questions me travaillent...
Dans le cas d'une admission à un concours de la FP, comment se passe la transition ? Je pense qu'il n'est pas possible de quitter ses fonctions d'enseignant du jour au lendemain, comment gérer, donc, l'appel en poste suite à l'obtention d'un concours ?
Deuxième question qui me travaille : je suis professeur des écoles dans le privé sous contrat avec l'Etat et me demande comment cela se passerait du point de vue du reclassement. Depuis la loi Censi de 2005, je sais que nous sommes devenus des "agents publics", je sais aussi que depuis septembre 2009, un fonctionnaire de l'Etat et des collectivités territoriales qui intègre le corps d'enseignants du privé sous contrat est reclassé, mais comment cela fonctionne-t-il dans l'autre sens ?
Je vous espère à tous de retrouver sérénité et de mener à bien vos projets...